lundi 18 septembre 2017

Dans les Fiefs Vendéens

Du 12 au 17 aout

Après Nantes, nous filons en train jusqu'aux Sables d'Olonne où nous fuyons à vélo la foule de touristes, en direction d'Olonne sur Mer. Arrivés au camping des Ormeaux, le seul qui ne soit pas encore plein, nous plantons la tente en vitesse et filons, de nuit, au domaine Saint Nicolas. Les exploitants y organisent une soirée Apéro-concert, au prix de 20 euros par personne. 
On nous sert des bulles (Rosé 2010 ou Blanc 2011) pendant le concert. La chanteuse reprend des classiques de jazz en anglais, puis passe sur de la chanson française. Elle est accompagnée par un guitariste inspiré et expressif, qui se lance dans des solos d'impro très sympa.



Après le concert, l'équipe du domaine a préparé des bouchées apéro pour faire découvrir quelques cuvées au public.

Pendant la dégustation, Thierry Michon nous joue un air d'accordéon.
 
Les vins que nous y goûtons sont représentatifs des cépages cultivés dans cette petite appellation répartie sur 4 terroirs (fiefs) en Vendée sur une surface de 412 ha cultivés par 18 vignerons.
Le domaine Saint Nicolas est situé dans le fief de Brem, au milieu des marais salants, c'est le plus proche de l'océan, et le deuxième en taille après le fief de Mareuil.
Les blancs sont faits à partir de chenin et grolleau gris. Le rosé est un assemblage de pinot noir, négrette et grolleau gris. En rouge, les cépages cultivés sont le pinot noir, le gamay et le cabernet.
Il y a donc une belle diversité de cépages dans cette appellation. Les vins que nous goûtons sont bons. Hélas, nous n'arrivons pas à discuter beaucoup avec le vigneron, très pris par ses clients de longue date, et l'échange n'ira pas plus loin. En tous cas, ce grand domaine engagé en biodynamie ne semble pas avoir de peine à trouver des terres à cultiver. Il existe apparemment beaucoup de friches disponibles datant d'une époque viticole plus active. 


On se repose un peu au camping : fondue au chocolat

Prise de notes à la plage de Sauveterre

Nous nous accordons ensuite deux jours de plage avant de redescendre en train sur Bordeaux avec une escale amicale chez Théo et Florane. Théo comble un trou de notre parcours œnologique, en nous faisant goûter un Cognac XO (extra-old). C'est une eau de vie de raisin, vieillie au moins 6 ans en fûts de chêne. Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, ce cognac est moins fort qu'un jeune, les années l'ont arrondi et lui on rendu un goût prononcé de raisin. Vraiment délicieux. Coïncidence heureuse, le cognac que nous goûtons est celui du Domaine des Claires, tenu par la famille Guillon, dont le fils Jonathan a fait ses études avec nous à Nancy ! Étape Charentes validée ?

Avec Théo, devant l'échoppe où ils ont aménagé avec Florane et leur petite Louisa. Une échoppe, à Bordeaux, c'est un appartement en rdc avec des plafonds très hauts, pas d'étage, et parfois, un petit jardin !
  

A Bordeaux, nous en profitons pour changer enfin le guidon de Blandine, tordu au début de la boucle, et pour nous fournir en pneus renforcés compatibles Brompton (16 pouces), que nous avons eu bien du mal à trouver dans cette première partie du voyage. Nous ne partirons plus jamais sans un pneu de rechange en cas de déchirure ! 

 Nous rentrons enfin sur Bergerac le 17 août, pour préparer la suite de nos aventures oeno-cyclotouristiques.
A bientôt !

samedi 9 septembre 2017

De Saumur à Nantes

Du 9 au 12 août 2017, on endure la pluie et les crevaisons pour rencontrer encore nos amis vignerons

Mercredi 9 août, 57 km
Nous quittons Chinon sous la pluie en direction de Saumur. En cette période de vacances, nous n'avons pu y prendre aucun rendez-vous. Entre deux averses, on casse la croute au bord de la Loire, mais elle ne donne plus envie de s'y baigner. Puis la voie verte s'écarte pour grimper dans les coteaux et nous faire découvrir les vignobles de Champigny, et enfin Saumur, qui nous accueille par une pluie fracassante. 

C'est la véraison à Champigny
 

 
Arrivée à Saumur, sous la pluie

Nous nous réfugions à la maison des vins de Saumur - Anjou où Séverine, une charmante jeune femme vêtue de rose, entreprend de nous faire goûter les vins du coin. Quelle aubaine ! Au sec, et en l'espace d'une bonne heure, nous dégustons seize appellations et autant de producteurs. Hips ! Non, sérieusement, nous apprenons à cracher, question de survie. Là encore, les appellations sont nombreuses et il faut s'accrocher pour tout retenir. 

 
Avec Séverine à la Maison des vins d'Anjou et de Saumur

Voici le déroulé de cette dégustation mémorable :

1. Saumur mousseux blanc (70% chenin/30% chardonnay, vendanges machine, 6 mois sur lattes*)
*comme pour le champagne, le passage sur lattes est une étape d'élaboration des vins effervescents pendant laquelle les levures qui créent les bulles en fermentant dans la bouteille, se déposent progressivement vers le goulot (les lattes sont inclinées) avant l'opération de dégorgeage qui élimine ces levures.
2. Anjou fines bulles (90% chenin/10% cabernet franc, anciennement "mousseux d'Anjou")
3. Anjou fines bulles rosé 
4. Crémant de Loire (vendanges main, 12 à 18 mois sur lattes)
5. Saumur blanc (100 % chenin, frais, notes d'agrumes)
6. Anjou blanc
7. Rosé de Loire (sec, assemblage cabernets franc et cab. sauvignon)
8. Le fameux "Carbernet d'Anjou" (en joue, feu !), rosé demi-sec 100% cabernet franc
    
On passe aux rouches heu aux rouges hips 

9. Anjou Gamay, rouge léger et un peu épicé
10. Saumur Champigny (100 % cabernet franc, fruité et corsé à la fois)
11. Anjou rouge (cabernet franc 80% et cab sauv 20%
12. Saumure champignon heu Saumur Champigny à nouveau, élevé en fûts cette fois.
13.-14. Anjou Villages Brissac (encore majorité cabernet franc)
Et on retourne sur des blancs ! moelleux cette fois-ci !
15. Coteaux du Layon (100 % chenin)
16. Bonnezeau (100 % chenin), tend vers un liquoreux, avec des arômes de pruneau 

 Un grand merci à Séverine pour le temps passé à nous expliquer tout ça ! Les vins de Saumur et d'Anjou présentent une grande diversité, avec 2 cépages dominants : le chenin pour les blancs et le cabernet franc pour les rouges.

Vitrail représentant la carte des appellations d'Anjou et de Saumur

Nous avons rendez-vous le lendemain à Faye d'Anjou au sud d'Angers. En fin d'après-midi, nous quittons donc la Loire pour couper et nous rapprocher de notre destination. Une fois sortis de Saumur, assez grande ville, nous nous retrouvons en rase campagne. Nous rêvons d'un hôtel au sec et au chaud pour le soir, mais les bourgades traversées sont mortes, ne comptant même pas un troquet. Vers 20h, nous plantons la tente dans un pré près d'une mare, et soupons de nos derniers vivres : purée-sardines.

Jeudi 10 août, 38 km 
Depuis quelques jours, le pneu arrière de Bastien a une hernie et est légèrement déchiré. Cela occasionne moult crevaisons. Après une énième réparation à l'aube, nous réussissons un départ matinal sous un temps incertain. Mais dans une descente à 35 km/h, le pneu se vide d'un coup dans un feulement de chat aigri. On décide de tenter de faire du stop pour arriver à l'heure à notre rendez-vous. On plie les vélos et on se poste au bord de la route avec une pancarte Faye d'Anjou. 10 minutes après, une camionnette s'arrête et un gentil monsieur à la retraite nous charge (Bastien à l'arrière avec les vélos) et fait même le détour pour nous déposer au Domaine de Juchepie, chez Eddy et Mileine Oosterlinck avec 1h d'avance !

 
Pour descendre au chai à barrique de M. Oosterlinck

Nous arrivons donc à 10h chez ce grand flamand aux belles moustaches, quincailler de père en fils, homme de théâtre et passionné de vin. Il s'est installé à 35 ans en parallèle de son activité commerciale en Belgique, et exploite environ 8 ha en biodynamie. 
Nous sommes dans l'appellation Coteaux du Layon - Faye. M. Oosterlinck produit du blanc sec, du moelleux et du liquoreux. Le chai, très petit, comporte 3 pressoirs verticaux. Après les pressurages (et un léger débourbage pour les secs uniquement), tout est vinifié en barriques, dans le chai souterrain. 
Eddy nous dévoile sans secrets ses techniques de vinification. Pour les moelleux et liquoreux, il fait macérer puis il presse tout doucement avec 2 rebêchages pour extraire un maximum de matière. Cela peut prendre 24 à 36 heures par pressoir ! Il ne met pas de soufre à la vendange.

Les pressoirs du domaine de Juchepie

A la vigne, les sols étant peu profonds, l'enherbement sur le rang est géré grâce à un seul passage de décavaillonneuse. Eddy et Mileine suivent le tracteur et déclenchent à l'aide d'une commande électrique la rétractation des socs quand ils arrivent sur chaque cep. Ils marchent à 2 km/h, mais ne font qu'un passage dans la saison ! 
Ils utilisent aussi beaucoup de tisanes en complément du cuivre et du soufre pour les traitements : prêle, achillée, ortie. En plus des préparations biodynamiques, ils épandent un compost liquide chaque année qui est un concentré de micro-organismes qui boostent l'activité biologique du sol. 

Les vignes, impeccablement travaillées
 
Nous dégustons les secs, riches et gras. Puis les moelleux, équilibrés, gourmands avec un côté agrume. Eddy insiste sur l'importance de l'équilibre entre les sucres, les amers, l'acidité et la minéralité. 
-"C'est comme au théâtre : il ne faut pas que le décors (le sucre) vienne sur le devant de la scène !" Les vins ne doivent pas être écœurants. Une gorgée doit appeler la suivante. Et c'est le cas. Difficile de cracher ces nectars !
Les moelleux de Juchepie sont déjà aussi sucrés que certains Monbazillac (liquoreux). Mais quel délice ! Alors quand nous passons aux liquoreux d'Oosterlinck, ça devient très très concentré. Sur ces vins, récoltés en 5 à 8 tris successifs, les rendements sont de 5 à 10 hL/ha. 
-"Là on passe sur des vins de méditation" nous confie le vigneron. La cuvée La Passion, millésime 2000, a des arômes de cardamome.
Ce sont aussi des vins de garde, comme la cuvée Quintessence avec 210 g/l de sucres résiduels qui mérite de vieillir un peu plus !
Eddy nous fait l'honneur de terminer la dégustation sur un des monbazillac dont sa cave personnelle regorge. Allons-y pour un 1976, Clos Fontindoule. Un délice qui n'a rien perdu avec l'âge et ne fait pas pâle figure derrière les grands vins de Juchepie. Nous apprendrons par la suite que ce domaine était tenu par le maire de Monbazillac à l'époque. Le grand-père de Blandine, Jean Geneste, était très ami avec lui et recevait de ses conseils tant pour la vigne que pour la vinification.

On finit sur un Monbazillac ? Pas de refus !
Eddy et toute sa gamme - et le clos Fontindoule 1976
Le temps de réparer à nouveau la chambre à air pour tenter de gagner Angers, et Mileine nous comble de victuailles pour notre pique-nique. Nous rejoignons ensuite Angers sans autre avarie et prenons le train pour Nantes où nous retrouvons notre ami Lucas.

Vendredi 11 août, 35 km, Nantes-Nantes
Basés dans la ville de Nantes, chez Cécile et Lucas, nous nous réhabituons à l'ambiance des grandes villes. Que de monde ! Nous faisons l'aller-retour dans la journée à la Haye-Fouassière, dans l'appellation Muscadet. Le domaine que nous visitons est situé dans la sous-appellation Muscadet Sèvre et Maine. 




Jo Landron nous fait visiter son domaine avec un autre couple de jeunes, Ingrid et Guillaume, qui lance un magasin de produits bio et locaux sur Nantes appelé "Sources"
Le vigneron, encore un sympathique moustachu, a développé l'approche "terroir" pour diversifier ses cuvées dans une appellation en mono-cépage : le melon de Bourgogne. (Eh oui, contrairement à ce que nous pensions, le muscadet est le non de l'appellation et non pas du cépage !). 


Nous visitons les parcelles où Jo Landron nous décrit précisément la nature des sols liée à la géologie locale. Sur un domaine de 50 ha, il collectionne quelques belles parcelles dans de jolis terroirs avec des cailloux différents, ramenés parfois en surface depuis que les sols sont travaillés. Amphibolites, argiles sableuses, sables à quartz et gneiss, etc. 
A cet intérêt pour les sols, Jo Landron a allié la culture biologique depuis 1998, puis la biodynamie un peu plus tard, notamment avec les 2 préparations principales : l'une à base de silice et l'autre à base de bouse de corne.


Dans le Muscadet, les vignes ne sont pas systématiquement relevées, et ici, Jo Landron les rogne peu, volontairement. - Parcelle des Amphibolites

Le vigneron s'attache ainsi à exprimer au mieux la typicité de chaque terroir, et de faire des vins de garde. Cela passe aussi par l'élevage sur lies. D'après lui, le "muscadet" n'est pas le cépage le plus aromatique, mais il permet de révéler de belles minéralités.
-"On entend trop souvent qu'il faut boire le muscadet de l'année. Je veux sortir de ce cliché."

A la dégustation, nous commençons par la cuvée Amphibolite. C'est un vin très tendu (frais, vif, c'est-à-dire assez acide), avec une forte minéralité. Ce muscadet non chaptalisé est très original et il est préconisé de le déguster avec des huitres, par exemple.
Puis les cuvées s'arrondissent au fil de la gamme et se complexifient avec des nuances allant du citron au boisé ou fumé, et de belles longueurs en bouche. 
Nous goûtons un 2009 (Les Houx) et 2006 (Le fief du Breil). Ce dernier, très corpulent a gardé une belle densité. 



Après cette chouette visite, nous pique-niquons avec nos amis Nina et Olivier au bord de la Sèvre Nantaise, avant de rentrer sur Nantes à la recherche d'un pneu 16 pouces pour Bastien. Mais les magasins sont en rupture de stock. Un vendeur nous confie que d'autres voyageurs itinérants en Brompton sont passés la veille et qu'ils ont pris les 6 pneus disponibles !