lundi 13 novembre 2017

Vendanges à Monbazillac et réflexions pour notre installation

Vendanges à Monbazillac et réflexions pour notre installation

En septembre et octobre, nous vendangeons 3 jours à Monbazillac chez un ami vigneron : Dominique Vidal. 
Dominique a réduit ses surfaces au cours de sa carrière, jusqu'à 3-4 ha de vignes en sémillon, sauvignon, sauvignon gris et muscadelle. Il produit exclusivement du Monbazillac, de très bonne qualité avec des tris très pointus. Cette année, ce sont ses dernières vendanges car il part à la retraite.

Mais en quoi consistent les tris ? Le monbazillac est un vin liquoreux tout comme le sauternes par exemple, ou encore certains coteaux du layon (voir notre article sur les vins du Domaine de Juchepie).
Le raisin récolté doit être très riche en sucre. Pour cela, on laisse s'installer le botrytis, la fameuse "pourriture noble". Ce champignon se développe à la faveur des brouillards d'automne et s'attaque à la peau des raisins, la rendant perméable. Dès que le soleil et le vent dissipent les brumes, ils font évaporer l'eau des grappes botrytisées et concentrent ainsi le sucre et les arômes dans les baies. 
Ces vendanges tardives nécessitent beaucoup d'attention car des pourritures moins nobles peuvent parfois s'installer, et pour les jolies grappes, il faut cueillir au stade optimum de botrytisation en fonction des besoins. Si on attend trop, le volume de jus après pressurage sera d'autant moins important, et le taux de sucre sera vraiment très élevé. 
Les tris consistent donc à couper uniquement les grappes atteintes de pourriture noble. Certains vignerons comme Dominique, ne coupent que la moitié de grappe botrytisée, et vont même jusqu'à ne faire tomber que quelques baies de la grappe. 
Le premier tri est notamment primordial car il permet d'enlever tout ce qui pourrait mal évoluer (selon les conditions météo), et de se faire une idée de l'avancement de la maturation.



Ici, des belles grappes dorées de Sémillon qui seraient idéales pour un Bergerac sec ou moelleux.



Ici, les raisins ont commencé à botrytiser, et prennent une teinte violacée. Mais ici, on est sur du sauvignon gris, qui est naturellement rose ... Le tri est plus difficile.

Et enfin, le stade optimal où la grappe devient carrément velue, et les grains virent au marron




Fin septembre, nous faisons une journée de premier tri chez Dominique avec un ramassage en caissettes. 


Dominique

Jean, ami de Dominique et fidèle vendangeur

En octobre, nous revenons quelques jours sous un beau soleil pour finir de ramasser. Cette année, le champignon est allé vite et nous pouvons déjà tout récolter dès le deuxième tri. Nous utilisons donc une benne.

Petite pause au bout du rang. On boit un coup et on se rince les mains : le raisin botrytisé, ça colle !




Voilà, les vendanges sont déjà terminées. Avec le gel qu'on a eu au printemps, Dominique n'a rentré qu'un tiers du volume de vendange par rapport à une année normale.

En parallèle, nous préparons notre installation au domaine du Petit Paris. Nous négocions de récupérer 3,5 ha de vigne avec le locataire. Puis se pose les questions d'ordre juridique, fiscal, financier, social... Ça commence à se compliquer ! Nous participons alors à une formation "structures sociétales" avec Francis Varennes organisée par la Maison des Paysans de Dordogne. Le parcours d'installation se transforme en vrai parcours du combattant quand il s'agit de prendre en compte toutes ces dimensions. Quand on se rend compte du nombre de démarches administratives et de tout ce qu'il va falloir payer pour faire tourner le domaine, ça décourage un peu. Nous décidons donc de faire au plus simple ! Dans un premier temps, Bastien sera exploitant individuel et Blandine sa conjointe collaboratrice...

Cette formation nous permet aussi de rencontrer d'autres jeunes installés ou en cours d'installation.
Il y a Barthélémy qui reprend  avec sa femme l'élevage de cochons gascons où nous prenons habituellement notre cochon annuel.
Manon et Clément sont paysans boulangers. Lui est exploitant individuel, elle est conjointe collaboratrice et cherchent une formule plus équitable.
Thibaut et Florian sont ingénieurs agronomes et s'installent à Monbazillac sur 4 ha de vignes en coopérative avec élevage de poules et de moutons. 
Ce fût aussi l'occasion de voir notre amie Myriam qui est animatrice à la maison des paysans à titre principal maraîchère le reste du temps avec son compagnon.

Prochaine étape : L'île de La Réunion. Décollage le 15 novembre ... A bientôt !

dimanche 12 novembre 2017

Vendanges Mâconnaises en passant par Lyon

Vendanges Mâconnaises en passant par Lyon



Depuis Limoux, nous prenons le train jusqu'à Lyon où nous restons quelques jours chez Vincent, le frère de Blandine. Il vit dans une coloc de 6 personnes où le loyer est de 300€ toutes charges comprises, même la nourriture ! En effet, ces jeunes actifs récupèrent chaque semaine les invendus des magasins bio et font leur potager. Avec un peu d'huile de coude, ils réduisent fortement leurs charges et luttent contre le gaspillage.


Les locataires de la "case à mémé" nous offrent un Petit Paris grains nobles 2003 pour l'apéro
Nous reprenons le train pour Tournus, où nous nous équipons pour les vendanges : bottes, pantalons et casquette avant de nous rendre à Cruzilles à vélos bien chargés.

Nous retrouvons avec plaisir Manu et ses associés, en arrivant au domaine Guillot-Broux. Les bennes sont attelées aux tracteurs et les tracteurs sont prêts à démarrer, tout le monde est dans les starting-blocs. 







Nous sommes orientés vers notre dortoir, installé dans le futur caveau de dégustation voûté. 



Nous cassons la croûte avec les premiers arrivés, accueillis par la bonne humeur de Carine, la belle-sœur de Manu.


Les vendanges commencent le lendemain matin. Dès 7h30 après le petit déjeuner, on saute dans les camions aménagés avec des bancs, direction la vigne. Nous sommes une équipe très cosmopolite de 25 cueilleurs et 5 porteurs.

L'équipe de vendangeurs au grand complet : Américains, canadiens, suédoise, anglais, polonais, français d'origine malgache, centrafricaine, gerçois, parisien, nancéiens et même des périgourdins ! Et quand même quelques locaux.

Le premier jour, on vendange Les Combettes, en Chardonnay, sur environ 1,5 ha, sous des pluies épisodiques. L’après-midi, c’est déjà le repos car la pluie s’intensifie et, au chai, la pompe à marc toute neuve ne fonctionne pas !

Les jours suivants se déroulent ainsi : vendanges des blancs le matin jusqu’à midi, et rouges l’aprem entre 13h30 et 17h30. C'est bien pratique, car les rouges donnent en effet moins de travail le soir à l’équipe du chai, n'étant pas pressés dans la foulée. Pinot noir et Gamay sont encuvés soit grappe entière soit partiellement éraflés, et séparés par parcelle d’origine.

A son arrivée au chai, le chardonnay blanc, également séparé par parcelle, est pressé directement et le jus, après une rapide décantation, est entonné par gravité dans les fûts empilés au sous-sol.

 





Pour l’équipe à la vigne, les journées sont rythmées par de bons et copieux repas. On mange du bio et du maison, c’est bien bon. 

Repas du midi au Domaine lorsque nous sommes à proximité

Repas du midi à la vigne lorsque nous sommes trop loin pour rentrer

 Le matin quand nous coupons le raisin, à 9h30, c’est la pause casse-croûte : pain-fromage-saucisson, chocolat le tout arrosé de vin rouge (ou de café).

 







A droite Tess et Patrice, la femme et le frère de Manu. Tess est prof d'anglais, elle vient vendanger avant la rentrée puis les demi-journées où elle n'a pas cours.
 
Après cette pause, l’ambiance monte d’un cran dans les rangs en même temps que la température se réchauffe. Les porteurs se roulent des cigarettes aromatisées et jouent les gros bras. Les cueilleurs les plus chauds se mettent à chanter, à charrier les filles ou à interpeller le collègue le plus éloigné. C’est ainsi que nous entendons à longueur de journée « Oh Guiiiiilles, t’es où ? » «  Eh la Marie ! ». 

La voilà, "la Marie"

Le porteur polonais Maciek, surnommé Magic, garde toujours une bouteille de vin après la pause, il court dans les vignes avec sa hotte de 50 kg en proposant du vin aux coupeurs.

 







Patrice, le frère de Manu, est notre chef d’équipe à la vigne. Son job consiste à rendre tout ce petit monde productif malgré tout. Et ça marche ! Ceux qui ont terminé un rang ne traînent pas et sont exhortés à aller aider les autres. Les plus bavards se font dire que parler n’empêche pas de couper. Et gare à ceux qui oublient des grappes ou qui traînent car Patrice veille, il passe de rang en rang en vendangeant un peu avec chacun et en ajustant les consignes au fur et à mesure. « Attention, ici il faut trier, il y a des grappes daubées » ou encore « Regarde un peu par terre, tu fais tomber plus de grumes* qu’une machine à vendanger ! » (* grain de raisin)

L’avantage de la cueillette à la main est qu’elle permet d’optimiser la qualité des raisins récoltés dans la mesure où les vendangeurs respectent les consignes. Les grappes entières sont transvasées des seaux dans les hottes puis dans des bennettes ce qui limite l’écrasement des baies. Cette année la qualité du raisin est globalement très bonnes et nous avons rarement l’occasion de trier.










Sur certaines parcelles, nous remarquons des grumes vidées de leur jus et des papillons écrasés dans les grappes. C’est la pyrale du buis qui a sévit : la chenille dévore les feuilles des buis, et le papillon adulte pompe le jus des raisins. Cette année tous les buis ont été dévastés et les rendements viticoles commencent à chuter à cause de ces insectes voraces.



Nous discutons souvent technique avec Patrice dans les vignes et nous apprenons plein de choses intéressantes concernant la taille, les maladies, la conduite de la vigne en général.



Lorsque nous rentrons d’une journée de vendanges, deux options s’offrent à nous. Soit nous allons observer le travail du chai et filer un tout petit coup de main, notamment pour le pigeage. Soit Patrice ouvre une bouteille de blanc et on prend l’apéro !

Lorsque nous allons au chai, c'est souvent avec Isabelle, une jeune américaine qui travaille dans le maraichage actuellement mais qui est passionnée de vin et pense s'insérer aussi dans le milieu à l'avenir. Il y a quelques années, elle avait également réalisé un tour de vignerons français à vélo, depuis le domaine Guillot-Broux jusqu'au Bordelais.

Pigeage de vendange égrappée à l'aide d'un pigeur / d'une pige. Il s'agit de casser le chapeau de marc afin qu'il reste en contact avec le jus.
Pigeage au pied lorsque les grappes sont entières (il est impossible de casser le chapeau de marc à la pige dans ce cas) ou juste pour le plaisir de se faire un bain de raisins !


Nettoyage à l'eau soufrée des bords de cuves fraichement pigées
Cuve de Gamay grappes entières, en fermentation
En général après le repas, nous ne faisons pas long feu contrairement au reste de l’équipe en pension complète qui festoie une bonne partie de la nuit. Les deux polonais fidèles vendangeurs depuis une dizaine d’années ont à cœur de garder les verres de chacun toujours plein. Vin rouge, bière, vodka, ratafia, tous les carburants sont bons. Ce dernier est confectionné spécialement pour les vendanges avec 2/3 de jus de raisins et 1/3 de marc. Ce qui en fait une boisson très sucrée mais aussi très alcoolisée donc traitre.



Nous nous gardons pour la « Revole » ou la « Paulée », la fête des vendanges quoi. Elle arrive enfin, après une dernière matinée de vendanges. Nous attendons que l’équipe du chai ait réceptionné les dernières bennes puis c’est le coup d’envoi vers 15h avec un apéritif à base de crémant et de fritures de la Saône pêchées par Vincent, un collègue vendangeur.






Photo de mariage ... euh ... de vendanges ! Les équipes "vendangeurs", "cuvage" et "cuisine" sont presque au complet

Vers 16h, on passe à table et avons le plaisir de boire les bonnes cuvées du domaine en formats Magnum et Jéroboam (Les Combettes rouge 2013 et blanc 2012).



A 18h, nous pigeons légèrement ivres avant de réattaquer l’apéro un peu plus tard. 

La fine équipe au pigeage


Nous goûtons plein de belles choses du domaine et d’ailleurs, et discutons pas mal avec Manu et Tess.

Le lendemain nous réserve une gueule de bois mémorable. C’est dire si nous avons abusé de ces bons vins pourtant pas trop de souffrés …



Malgré cela, nous allons visiter le domaine des vignes du Mayne, chez Alain et Julien Guillot, l’oncle et le cousin de Manu et Patrice.
Julien n'a malheureusement pas le temps de nous recevoir mais Alain se fait un plaisir de nous raconter leur histoire, leur passion de la terre et du vin et leurs convictions.
En effet, les Guillot ont toujours cru en l'agriculture biologique et se sont battus pour réussir à la sortir de la marginalité et à la faire enfin reconnaître en 1995. Alain a été président de la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique. Il a des tas d'anecdotes à raconter, n'ayant jamais hésité à remettre à leur place ce qu'il appelle "les pecnocrates".
Nous dégustons un Mâcon village 2015, très fin, volontairement oxydatif, avec beaucoup de matière et sur des arômes de fruits confits.

Les récits passionnants d'Alain Guillot

Les fûts de Marc de Bourgogne : la part des anges n'est pas négligeable !

Le nouveau chai, conçu selon le nombre d'or.



Ces fondateurs de l'agriculture biologique ont à cœur qu'elle se développe tout en restant une grande famille solidaire. Ils nous invitent à les solliciter pour toute question et livrent sans problème leurs techniques.


Et enfin après 9 jours merveilleux à Cruzilles, c’est le départ ! Direction Périgueux ...

Le village de Cruzilles et son château (tout à gauche). Le domaine Guillot-Broux est situé au centre du village. Les vignes du Maynes sont situées à Sagy, à 2km vers la gauche.

Passage éclair dans le Limouxain et randonnée pyrénéenne

Passage éclair dans le Limouxain et randonnée pyrénéenne

Château Marco à Festes et Saint André

A l’occasion du mariage de nos amis Marion et Léo, lui étant le fils de Marco, nous avons dégusté et visité ce fameux « château ».

Le nouveau chai avec salle de réception dans les hauteurs de Festes et Saint André

Initialement, Marco est éleveur de veaux. Il en élève aujourd’hui une cinquantaine et vinifie 3 hectares de vignes en cépages blanc (chardonnay, chenin et mauzac).



Le gros de sa production viticole concerne la Blanquette de Limoux. Il produit également la cuvée Augustin, un crémant de Limoux très élégant à base de Chardonnay. Il produit enfin 3 cuvées de blanc sec élevées 10 mois en barriques allant du 100 % Chardonnay, gras et rond, à l’assemblage Chenin/Mauzac plus vif.



Comme nous l’avons déjà entendu plusieurs fois durant notre périple, Marco nous vante l’intérêt de produire plusieurs cuvées (sans trop se disperser non plus) dont un haut de gamme, facilitant la vente des bas de gamme.




Les conseils de Marco :

« Il faut être prudent et avancer à sa mesure »

« Ne pas trop investir dans le matériel : on peut faire du bon vin avec peu de matériel rudimentaire mais en revanche il faut être carré sur l’hygiène »

« Faire des salons professionnels »

Marco, Catherine et leur fils Léo, le jeune marié. Merci pour les conseils et l'accueil !




Après ces festivités, nous repartons à vélo jusqu'à Limoux puis louons avec nos amis un minibus afin de nous rendre du côté d'Axe les thermes pour randonner.


Nous nous équipons de nos sacs au dos, les vélos eux resteront pliés au chaud dans le minibus



Nous partons nous décrasser en montagne mais sans oublier d’emporter du saucisson de veau et du bon vin dans nos sacs à dos !

mardi 17 octobre 2017

Bilan de la première boucle

Bilan de la période du 12 juillet au 17 août 2017

Distance parcourue en Brompton : 1088 km
Chutes : 2
Crevaisons : 7 et un pneu déchiré au final
Vignerons rencontrés : 17
Visites de caves / maisons des vins : 6
Estimation du nombre de cuvées dégustées : 4+4+1+1+10+4+2+4+6+4+3+2+10+7+6+8+3+5+1+4+4+5+16+8+6+5+1+4 = 138
Estimation des litres de vins consommés au km : environ 1 litre/100 km

Carte du trajet effectué : 

Une partie des trajets s'est effectuée en bus/train/auto-stop, notamment : 
- Bergerac - Saint Etienne (bus)
- Lyon-Mâcon (train)
- Dijon-Alésia (train)
- Clamecy-Nevers (bus) puis Nevers-Pouilly sur Loire (train)
- Sancerre-Bourges (bus) puis Bourges-Romorantin (train)
- Angers-Nantes (train)
- Nantes-Bordeaux-Bergerac (train)






Pour l'instant, le périple est interrompu suite à des événements bien tristes dans nos familles. Nous sommes bloqués à Bergerac jusqu'à nouvel ordre pour régler un certain nombre de problèmes.
Nous sommes finalement amenés à préparer une installation anticipée sur le domaine du Petit Paris, mais nous espérons avoir l'occasion de vivre d'autres expériences oenocyclotouristiques avant les prochaines vendanges. Ces aventures à venir seront consignées dans ce blog, dont cette page est loin d'être la dernière. A venir notamment, le récit de nos vendanges en septembre 2017 au Domaine Guillot-Broux (Mâcon Villages - Cruzilles).

A bientôt ! 
Blandine et Bastien

lundi 18 septembre 2017

Dans les Fiefs Vendéens

Du 12 au 17 aout

Après Nantes, nous filons en train jusqu'aux Sables d'Olonne où nous fuyons à vélo la foule de touristes, en direction d'Olonne sur Mer. Arrivés au camping des Ormeaux, le seul qui ne soit pas encore plein, nous plantons la tente en vitesse et filons, de nuit, au domaine Saint Nicolas. Les exploitants y organisent une soirée Apéro-concert, au prix de 20 euros par personne. 
On nous sert des bulles (Rosé 2010 ou Blanc 2011) pendant le concert. La chanteuse reprend des classiques de jazz en anglais, puis passe sur de la chanson française. Elle est accompagnée par un guitariste inspiré et expressif, qui se lance dans des solos d'impro très sympa.



Après le concert, l'équipe du domaine a préparé des bouchées apéro pour faire découvrir quelques cuvées au public.

Pendant la dégustation, Thierry Michon nous joue un air d'accordéon.
 
Les vins que nous y goûtons sont représentatifs des cépages cultivés dans cette petite appellation répartie sur 4 terroirs (fiefs) en Vendée sur une surface de 412 ha cultivés par 18 vignerons.
Le domaine Saint Nicolas est situé dans le fief de Brem, au milieu des marais salants, c'est le plus proche de l'océan, et le deuxième en taille après le fief de Mareuil.
Les blancs sont faits à partir de chenin et grolleau gris. Le rosé est un assemblage de pinot noir, négrette et grolleau gris. En rouge, les cépages cultivés sont le pinot noir, le gamay et le cabernet.
Il y a donc une belle diversité de cépages dans cette appellation. Les vins que nous goûtons sont bons. Hélas, nous n'arrivons pas à discuter beaucoup avec le vigneron, très pris par ses clients de longue date, et l'échange n'ira pas plus loin. En tous cas, ce grand domaine engagé en biodynamie ne semble pas avoir de peine à trouver des terres à cultiver. Il existe apparemment beaucoup de friches disponibles datant d'une époque viticole plus active. 


On se repose un peu au camping : fondue au chocolat

Prise de notes à la plage de Sauveterre

Nous nous accordons ensuite deux jours de plage avant de redescendre en train sur Bordeaux avec une escale amicale chez Théo et Florane. Théo comble un trou de notre parcours œnologique, en nous faisant goûter un Cognac XO (extra-old). C'est une eau de vie de raisin, vieillie au moins 6 ans en fûts de chêne. Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, ce cognac est moins fort qu'un jeune, les années l'ont arrondi et lui on rendu un goût prononcé de raisin. Vraiment délicieux. Coïncidence heureuse, le cognac que nous goûtons est celui du Domaine des Claires, tenu par la famille Guillon, dont le fils Jonathan a fait ses études avec nous à Nancy ! Étape Charentes validée ?

Avec Théo, devant l'échoppe où ils ont aménagé avec Florane et leur petite Louisa. Une échoppe, à Bordeaux, c'est un appartement en rdc avec des plafonds très hauts, pas d'étage, et parfois, un petit jardin !
  

A Bordeaux, nous en profitons pour changer enfin le guidon de Blandine, tordu au début de la boucle, et pour nous fournir en pneus renforcés compatibles Brompton (16 pouces), que nous avons eu bien du mal à trouver dans cette première partie du voyage. Nous ne partirons plus jamais sans un pneu de rechange en cas de déchirure ! 

 Nous rentrons enfin sur Bergerac le 17 août, pour préparer la suite de nos aventures oeno-cyclotouristiques.
A bientôt !

samedi 9 septembre 2017

De Saumur à Nantes

Du 9 au 12 août 2017, on endure la pluie et les crevaisons pour rencontrer encore nos amis vignerons

Mercredi 9 août, 57 km
Nous quittons Chinon sous la pluie en direction de Saumur. En cette période de vacances, nous n'avons pu y prendre aucun rendez-vous. Entre deux averses, on casse la croute au bord de la Loire, mais elle ne donne plus envie de s'y baigner. Puis la voie verte s'écarte pour grimper dans les coteaux et nous faire découvrir les vignobles de Champigny, et enfin Saumur, qui nous accueille par une pluie fracassante. 

C'est la véraison à Champigny
 

 
Arrivée à Saumur, sous la pluie

Nous nous réfugions à la maison des vins de Saumur - Anjou où Séverine, une charmante jeune femme vêtue de rose, entreprend de nous faire goûter les vins du coin. Quelle aubaine ! Au sec, et en l'espace d'une bonne heure, nous dégustons seize appellations et autant de producteurs. Hips ! Non, sérieusement, nous apprenons à cracher, question de survie. Là encore, les appellations sont nombreuses et il faut s'accrocher pour tout retenir. 

 
Avec Séverine à la Maison des vins d'Anjou et de Saumur

Voici le déroulé de cette dégustation mémorable :

1. Saumur mousseux blanc (70% chenin/30% chardonnay, vendanges machine, 6 mois sur lattes*)
*comme pour le champagne, le passage sur lattes est une étape d'élaboration des vins effervescents pendant laquelle les levures qui créent les bulles en fermentant dans la bouteille, se déposent progressivement vers le goulot (les lattes sont inclinées) avant l'opération de dégorgeage qui élimine ces levures.
2. Anjou fines bulles (90% chenin/10% cabernet franc, anciennement "mousseux d'Anjou")
3. Anjou fines bulles rosé 
4. Crémant de Loire (vendanges main, 12 à 18 mois sur lattes)
5. Saumur blanc (100 % chenin, frais, notes d'agrumes)
6. Anjou blanc
7. Rosé de Loire (sec, assemblage cabernets franc et cab. sauvignon)
8. Le fameux "Carbernet d'Anjou" (en joue, feu !), rosé demi-sec 100% cabernet franc
    
On passe aux rouches heu aux rouges hips 

9. Anjou Gamay, rouge léger et un peu épicé
10. Saumur Champigny (100 % cabernet franc, fruité et corsé à la fois)
11. Anjou rouge (cabernet franc 80% et cab sauv 20%
12. Saumure champignon heu Saumur Champigny à nouveau, élevé en fûts cette fois.
13.-14. Anjou Villages Brissac (encore majorité cabernet franc)
Et on retourne sur des blancs ! moelleux cette fois-ci !
15. Coteaux du Layon (100 % chenin)
16. Bonnezeau (100 % chenin), tend vers un liquoreux, avec des arômes de pruneau 

 Un grand merci à Séverine pour le temps passé à nous expliquer tout ça ! Les vins de Saumur et d'Anjou présentent une grande diversité, avec 2 cépages dominants : le chenin pour les blancs et le cabernet franc pour les rouges.

Vitrail représentant la carte des appellations d'Anjou et de Saumur

Nous avons rendez-vous le lendemain à Faye d'Anjou au sud d'Angers. En fin d'après-midi, nous quittons donc la Loire pour couper et nous rapprocher de notre destination. Une fois sortis de Saumur, assez grande ville, nous nous retrouvons en rase campagne. Nous rêvons d'un hôtel au sec et au chaud pour le soir, mais les bourgades traversées sont mortes, ne comptant même pas un troquet. Vers 20h, nous plantons la tente dans un pré près d'une mare, et soupons de nos derniers vivres : purée-sardines.

Jeudi 10 août, 38 km 
Depuis quelques jours, le pneu arrière de Bastien a une hernie et est légèrement déchiré. Cela occasionne moult crevaisons. Après une énième réparation à l'aube, nous réussissons un départ matinal sous un temps incertain. Mais dans une descente à 35 km/h, le pneu se vide d'un coup dans un feulement de chat aigri. On décide de tenter de faire du stop pour arriver à l'heure à notre rendez-vous. On plie les vélos et on se poste au bord de la route avec une pancarte Faye d'Anjou. 10 minutes après, une camionnette s'arrête et un gentil monsieur à la retraite nous charge (Bastien à l'arrière avec les vélos) et fait même le détour pour nous déposer au Domaine de Juchepie, chez Eddy et Mileine Oosterlinck avec 1h d'avance !

 
Pour descendre au chai à barrique de M. Oosterlinck

Nous arrivons donc à 10h chez ce grand flamand aux belles moustaches, quincailler de père en fils, homme de théâtre et passionné de vin. Il s'est installé à 35 ans en parallèle de son activité commerciale en Belgique, et exploite environ 8 ha en biodynamie. 
Nous sommes dans l'appellation Coteaux du Layon - Faye. M. Oosterlinck produit du blanc sec, du moelleux et du liquoreux. Le chai, très petit, comporte 3 pressoirs verticaux. Après les pressurages (et un léger débourbage pour les secs uniquement), tout est vinifié en barriques, dans le chai souterrain. 
Eddy nous dévoile sans secrets ses techniques de vinification. Pour les moelleux et liquoreux, il fait macérer puis il presse tout doucement avec 2 rebêchages pour extraire un maximum de matière. Cela peut prendre 24 à 36 heures par pressoir ! Il ne met pas de soufre à la vendange.

Les pressoirs du domaine de Juchepie

A la vigne, les sols étant peu profonds, l'enherbement sur le rang est géré grâce à un seul passage de décavaillonneuse. Eddy et Mileine suivent le tracteur et déclenchent à l'aide d'une commande électrique la rétractation des socs quand ils arrivent sur chaque cep. Ils marchent à 2 km/h, mais ne font qu'un passage dans la saison ! 
Ils utilisent aussi beaucoup de tisanes en complément du cuivre et du soufre pour les traitements : prêle, achillée, ortie. En plus des préparations biodynamiques, ils épandent un compost liquide chaque année qui est un concentré de micro-organismes qui boostent l'activité biologique du sol. 

Les vignes, impeccablement travaillées
 
Nous dégustons les secs, riches et gras. Puis les moelleux, équilibrés, gourmands avec un côté agrume. Eddy insiste sur l'importance de l'équilibre entre les sucres, les amers, l'acidité et la minéralité. 
-"C'est comme au théâtre : il ne faut pas que le décors (le sucre) vienne sur le devant de la scène !" Les vins ne doivent pas être écœurants. Une gorgée doit appeler la suivante. Et c'est le cas. Difficile de cracher ces nectars !
Les moelleux de Juchepie sont déjà aussi sucrés que certains Monbazillac (liquoreux). Mais quel délice ! Alors quand nous passons aux liquoreux d'Oosterlinck, ça devient très très concentré. Sur ces vins, récoltés en 5 à 8 tris successifs, les rendements sont de 5 à 10 hL/ha. 
-"Là on passe sur des vins de méditation" nous confie le vigneron. La cuvée La Passion, millésime 2000, a des arômes de cardamome.
Ce sont aussi des vins de garde, comme la cuvée Quintessence avec 210 g/l de sucres résiduels qui mérite de vieillir un peu plus !
Eddy nous fait l'honneur de terminer la dégustation sur un des monbazillac dont sa cave personnelle regorge. Allons-y pour un 1976, Clos Fontindoule. Un délice qui n'a rien perdu avec l'âge et ne fait pas pâle figure derrière les grands vins de Juchepie. Nous apprendrons par la suite que ce domaine était tenu par le maire de Monbazillac à l'époque. Le grand-père de Blandine, Jean Geneste, était très ami avec lui et recevait de ses conseils tant pour la vigne que pour la vinification.

On finit sur un Monbazillac ? Pas de refus !
Eddy et toute sa gamme - et le clos Fontindoule 1976
Le temps de réparer à nouveau la chambre à air pour tenter de gagner Angers, et Mileine nous comble de victuailles pour notre pique-nique. Nous rejoignons ensuite Angers sans autre avarie et prenons le train pour Nantes où nous retrouvons notre ami Lucas.

Vendredi 11 août, 35 km, Nantes-Nantes
Basés dans la ville de Nantes, chez Cécile et Lucas, nous nous réhabituons à l'ambiance des grandes villes. Que de monde ! Nous faisons l'aller-retour dans la journée à la Haye-Fouassière, dans l'appellation Muscadet. Le domaine que nous visitons est situé dans la sous-appellation Muscadet Sèvre et Maine. 




Jo Landron nous fait visiter son domaine avec un autre couple de jeunes, Ingrid et Guillaume, qui lance un magasin de produits bio et locaux sur Nantes appelé "Sources"
Le vigneron, encore un sympathique moustachu, a développé l'approche "terroir" pour diversifier ses cuvées dans une appellation en mono-cépage : le melon de Bourgogne. (Eh oui, contrairement à ce que nous pensions, le muscadet est le non de l'appellation et non pas du cépage !). 


Nous visitons les parcelles où Jo Landron nous décrit précisément la nature des sols liée à la géologie locale. Sur un domaine de 50 ha, il collectionne quelques belles parcelles dans de jolis terroirs avec des cailloux différents, ramenés parfois en surface depuis que les sols sont travaillés. Amphibolites, argiles sableuses, sables à quartz et gneiss, etc. 
A cet intérêt pour les sols, Jo Landron a allié la culture biologique depuis 1998, puis la biodynamie un peu plus tard, notamment avec les 2 préparations principales : l'une à base de silice et l'autre à base de bouse de corne.


Dans le Muscadet, les vignes ne sont pas systématiquement relevées, et ici, Jo Landron les rogne peu, volontairement. - Parcelle des Amphibolites

Le vigneron s'attache ainsi à exprimer au mieux la typicité de chaque terroir, et de faire des vins de garde. Cela passe aussi par l'élevage sur lies. D'après lui, le "muscadet" n'est pas le cépage le plus aromatique, mais il permet de révéler de belles minéralités.
-"On entend trop souvent qu'il faut boire le muscadet de l'année. Je veux sortir de ce cliché."

A la dégustation, nous commençons par la cuvée Amphibolite. C'est un vin très tendu (frais, vif, c'est-à-dire assez acide), avec une forte minéralité. Ce muscadet non chaptalisé est très original et il est préconisé de le déguster avec des huitres, par exemple.
Puis les cuvées s'arrondissent au fil de la gamme et se complexifient avec des nuances allant du citron au boisé ou fumé, et de belles longueurs en bouche. 
Nous goûtons un 2009 (Les Houx) et 2006 (Le fief du Breil). Ce dernier, très corpulent a gardé une belle densité. 



Après cette chouette visite, nous pique-niquons avec nos amis Nina et Olivier au bord de la Sèvre Nantaise, avant de rentrer sur Nantes à la recherche d'un pneu 16 pouces pour Bastien. Mais les magasins sont en rupture de stock. Un vendeur nous confie que d'autres voyageurs itinérants en Brompton sont passés la veille et qu'ils ont pris les 6 pneus disponibles !