jeudi 31 août 2017

La Tourraine : Montlouis/Loire, Chinon, Bourgueil, Cravant les Coteaux

Du 4 au 8 aout 2017 : La Loire au fil du vin


Vendredi 4 août, 47 km
Après Chaumont, la véloroute s'éloigne souvent du fleuve ligérien pour grimper dans les coteaux. Si cela chauffe un peu les cuisses, ça nous permet d'observer les vignes, perchées sur les plateaux. 



Les vignes sont établies très bas dans le vignoble de Montlouis/Loire ; les vendangeurs doivent avoir mal au dos !

 Nous arrivons ainsi à Montlouis sur Loire, où exerce un vigneron réputé, François Chidaine. Sa femme a ouvert "La Cave Insolite" sur les quais, où hormis ses vins, sont vendus pas mal de vins de producteurs bio ou biodynamistes. Faute de pouvoir rencontrer le viticulteur, l'employée du magasin nous relaie fidèlement la vision du vigneron à travers la dégustation de sa gamme.
Des clients commencent à affluer, et ils ont l'air de connaître. On sent bien que ces vins cartonnent !
L'approche de Chidaine est particulière : pas de mention de la certification bio ni biodynamique sur les étiquettes des bouteilles. Pourtant, il fait partie du label Biodyvin.
« Il fait ça par philosophie et ne veut pas en faire un argument commercial » nous explique l'employée. N'empêche que pour le consommateur qui ne connaît pas personnellement le vigneron, il faut faire confiance...

Les appellations Vouvray et Montlouis sur Loire sont deux voisines, rivales disposées chacune sur une rive de la Loire. Elles produisent, à base de Chenin, des vins blancs de toutes sortes allant du sec au liquoreux en passant par les vins effervescents. Leurs vins sont très proches, pourtant, le Vouvray jouirait d'une plus grande notoriété.


A la Cave Insolite, nous dégustons un « Vouvray » pétillant en méthode traditionnelle mais qui a l'appellation Montlouis/Loire car le siège d'exploitation n'est pas situé à Vouvray. 
Idem pour les secs dont les vignes sont à Vouvray mais qui sont commercialisés en Vin de France. On comprend que le vigneron soit fâché avec tout ce qui est certification/appellation. Nous goûtons aussi des Montlouis « tendres » c'est-à-dire des demi-secs. Ce sont des vins que l'on nous conseille de boire sur des plats épicés ou des sushis, et en effet nous avons tout de suite eu l'eau à la bouche à l'évocation de ce type d'accord ! Nous ne goûtons pas au Montlouis liquoreux, plus rare et plus cher. 


A Joué-les-Tours, nous rejoignons nos amis Florent et Léna chez les parents de celle-ci. Grand amateur de vin, Pascal Emile a tout prévu : Vouvray liquoreux 1989 - année de naissance de sa fille - pour l'apéritif, puis 2 Chinon pour le repas. De notre côté, nous avions aussi prévu des vins de François Chidaine. Manque de chance, le Vouvray 89 est bouchonné : Surtout au nez, presque pas en bouche mais quel dommage ! Nous apprécions à la place un chenin blanc sec (Les Argiles 2015) de François Chidaine absolument somptueux. Les Chinon le sont également et nous confortent dans notre envie de partir dans cette direction dès le lendemain matin !


Samedi 5 août, 66 km, Joué-les-Tours - Chinon


Au départ, à Joué-les-Tours

Nous poursuivons la véloroute avec Léna et Florent. On s'écarte moins du fleuve, le parcours est agréable et en bonne compagnie. 


Au loin, le Château de la Belle au Bois Dormant (Chateau d'Ussé)

D'autant plus que les parents de Léna nous ont déposé les sacs à l'arrivée ; quel plaisir de pédaler léger ! Pour couronner le tout, Flo et Léna nous ont donné le contact d'un vigneron à Savigny-en-Véron chez qui nous allons dans l'après-midi. 
Le domaine de Wilfried Rousse est dans l'appellation Chinon. On entre ici dans le territoire du cépage Cabernet Franc, aussi appelé "breton" par Rabelais. C'est le cépage unique pour les rouges de cette appellation. Les blancs, issus du Chenin, ne représentent que 3 % de la production de Chinon.

Wilfried n'est pas issu du milieu viticole. Il s'est installé sur le domaine il y a 30 ans, et le cultive en bio depuis 10 ans. Il est encore locataire sur une partie de ses parcelles. 
- "Dans la vigne il faut être courageux, nous dit-il, mais au chai il faut être fainéant !"
Il attache notamment beaucoup d'importance aux travaux de taille (majoritairement en guyot simple) et d'ébourgeonnage de mai à juin, pendant lequel il fait enlever les entre-nœuds pour bien aérer les ceps. 
Il vinifie en levures indigènes, et troquerait volontiers ses cuves inox contre des cuves en béton de petit volume. 


Dans la salle de dégustation chez M. Wilfried Rousse.Sur une ardoise est inscrit : "le Chinon rend les femmes heureuses lorsque les hommes l'ont bu" !

La dégustation des Chinon rouges de Wilfried est un régal. Une cuvée Les Galuches 2016 fruitée et typique du cabernet franc fait place à Les Puys 2015, arrondie par une année de fût. Nous goûtons aussi un 2011 très bien conservé, issu de vieilles vignes sur tuf calcaire. Nous finissons par une originalité que le vigneron fait pour le plaisir avec des amis : le Vin cent soif. Un vin très peu sulfité vinifié dans les conditions du début du siècle dernier. Vendangé et égrappé à la main, pigé à la masse en barrique, ce vin "nature" constitue une microcuvée intéressante. 
 Merci à Wilfried Rousse pour ce moment privilégié et pour la bonne bouteille offerte à notre départ. A bientôt on espère. 


Vignes à Savigny-en-Véron

Arrivés à Chinon, nous établissons notre QG pour 3 jours au camping sur les bords de la Vienne, faisant face à la citadelle médiévale. 



Dimanche 6 août, repos : 0 km à vélo mais 14 km en canoë sur la Vienne


Pause pic nic sur une plage de la Vienne, toujours avec Flo et Léna. 
L'occasion de déguster un Chinon Clos de la Roche 2011 de Wilfried Rousse




Lundi 7 août, 49 km, Total : 830 km, Bourgueil
Nous faisons l'aller/retour de Chinon à Bourgueil où nous rencontrons les exploitants de deux domaines. 

D'abord le domaine des frères Bertrand et Vincent MARCHESSEAU. Ce dernier nous reçoit pour un excellent briefing sur le marketing. Il nous explique comment leur domaine cherche à se démarquer dans un fort contexte concurrentiel. (L'appellation Bourgueil compte 300 viticulteurs environ pour 1200 ha).


 Avec son slogan "Un bourgueil peut en cacher un autre", il exprime que même si les bourgueil appartiennent tous à une appellation commune, ils peuvent être bien différents les uns des autres. Notamment au sein du domaine, ils ont créé des cuvées par terroirs différenciés avec des codes pour faciliter la compréhension au client. 
- Cuvée Poids Plume pour un vin léger, sur le fruit issus de sols sableux à graviers. 
- Cuvée Funambule pour une cuvée à l'équilibre entre le fruité et la matière, sur des argiles à graviers. 
- Et enfin, la cuvée Roc Collection sur des sols calcaires avec un élevage en cave troglodytique comme cela se fait beaucoup dans le val de Loire. 
Le tout illustré par des étiquettes décalées qui changent fondamentalement du style plutôt classique des bourgueil traditionnels.


"Il faut s'apercevoir de la chance qu'on a quand ça marche bien" assure Vincent, "mais il faut conserver des stocks pour les coups durs". L'année 2016 illustre bien ce propos. Le gel et le printemps pourri ont réduit la récolte à peau de chagrin : 90 % de pertes soit 10 hL/ha en moyenne, rapporté à la surface totale. Avec les parcelles rescapées sur les 3 appellations du domaine (St Nicolas de Bourgueil, Bourgueil et Chinon), les Marchesseau n'ont produit qu'une seule cuvée appelée "Du Chaos nait une étoile". Cette pirouette représente un risque au niveau commercial car la continuité des cuvées n'est plus assurée. "Mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut" dit Vincent. Il compte rebondir et en profiter pour remanier à nouveau la gamme en 2017, qui ne compte "que" 30 % de pertes dues au gel...

Nous filons ensuite au domaine Yannick et Benoit AMIRAULT.

 
Benoit constitue la 4ème génération sur l'exploitation de 20 ha de vigne environ. Son père Yannick avait repris la ferme de son grand-père en polyculture et ne cultivait au départ que 3-4 ha de vignes. Ici aussi, la rigueur du travail à la vigne est primordiale, pour viser un raisin de bonne maturité, et vendangé exclusivement à la main. 
Les sols sont travaillés en intercep, et entre les rangs selon la nature des parcelles. Ci-dessous, une parcelle au sol assez sableux, impeccablement désherbée mécaniquement sur le rang.
"Il ne faut pas travailler le sol trop tard dans la saison pour éviter un relargage d'azote" nous explique Yannick Amirault.



Comme à Chinon, l'unique cépage des appellations Bourgueil et St Nicolas de Bourgueil est le cabernet franc. Les vins sont longuement macérés et fermentés en cuve inox puis élevés en foudres ou demi-muids. 
Le domaine produit des vins charnus mais ronds. Pour ne pas avoir des vins trop corsés et tanniques, ils n'assemblent jamais leurs jus de presse à leurs assemblages mis en bouteille.  

Sur une même appellation, un domaine se démarque par une gamme originale avec des étiquettes décalées, et l'autre par sa rigueur et sa régularité dans la continuité de la tradition. Il y a de la place pour tout le monde ! Après ces visites instructives, nous rentrons à Chinon en repassant devant la triste centrale nucléaire bordant la Loire et ses vignobles...


A part cha, Chinon, tout va bien !


Mardi 8 août, 24 km, Cravant les Coteaux
Toujours sans les sacs, on pédale en direction de Cravant les Coteaux. Vu le nom, on s'attend à des montées escarpées, mais au final, le village est adossé au bas du coteau. Nous rencontrons Bernard BAUDRY dans son domaine de 32 ha, dont 10 ha en propriété. Installé en 1975 sur 1,75 ha, il a toujours travaillé en bio, mais n'a opté que récemment pour la certification sous la pression de ses clients cavistes et restaurateurs.




Bernard attache de l'importance à la taille et à l'attache des lattes sans jamais coiffer le pied. Après cela, il est pour le moins d'intervention possible, excepté pour le travail du sol, qu'il préconise en plein. 
Cet ancien conseiller viticole a une approche "pas de". Pas d'ébourgeonnage, pas d'effeuillage à la vigne.
A la vinification, pas de pigeage, pas de remontage, pas de soufre, pas d'analyse !
L'éraflage est total après des vendanges entièrement manuelles. La fermentation se fait le plus possible "baies entières". Après une macération longue de 15 jours - 3 semaines, la fermentation se finit en barriques de 450L, bien souvent l'été suivant.

 Dans le chai de Bernard. Love.

L'élevage en barriques se fait dans une cave troglodytique creusée à même le coteau calcaire. 




 Il ne fait pas non plus de houillage, car sa cave étant très humide et ses barriques anciennes, la part des anges est très limitée.
Il explique que c'est le travail du sol sur le long terme qui permet d'obtenir des raisins plus robustes et aptes à subir une vinification si peu interventionniste. "Il faut 15 ans pour passer en bio, et non pas 3 !"

Nous dégustons d'excellents chinon chez Bernard Baudry, qui fait bien sûr des cuvées parcellaires, selon que ses vignes soient dans la plaine, à mi-pente, ou sur le plateau. Nous terminons avec un Chinon 2000 de sa production, tout à fait divin, avec des arômes de confiture de fruits rouges mûrs. 
Le viticulteur conclut cette rencontre motivante : "L'important c'est de faire un vin qui plaît, à partager, digeste, qui permet de passer un bon moment"...
Sur ces mots simples, à nous de jouer !

Les vignes de Bernard Baudry

Nous regagnons Chinon pour notre dernière soirée sédentaire. Demain, nous reprenons la route, direction Saumur !

Vue des toits de Chinon
 

Cheverny et Cour-Cheverny

Cheverny et Cour-Cheverny les 2 et 3 août. 

(RAPPEL : vous pouvez agrandir les images en cliquant dessus ! et n'hésitez pas à commenter pour plus d'interactivité !)


2 aout 2017, 37 km
Nous avons rendez-vous chez Philippe Tessier à Cheverny. En traversant le village, on passe le chateau qui servit de modèle à Hergé pour Moulinsart, sans avoir le temps de le visiter, mille sabords !  
L'appellation Cheverny regroupe environ 600 ha de vignes. Les cépages plantés sont assez divers : gamay, pinot noir, cot (= malbec), ou encore Pineau d'Aunis pour les rouges ; sauvignon, chardonnay, et menu pineau (= Orbois) pour les blancs.
Sa voisine, l'appellation Cour-Cheverny, ne fait elle qu'une soixantaine d'ha, cultivés exclusivement en Romorantin vinifié en blanc sec. 
Ce cépage originaire de Bourgogne a été "importé" et baptisé par François premier au 16°siècle alors qu'il possédait une résidence à Romorantin. Aujourd'hui, il n'existe plus que sur les 60 hectares de Cour-Cheverny !
Ces appellations sont assez récentes, car elles ont été créées dans les années 90. Les sables de Sologne donnent des sols siliceux sur lequel sont cultivées aussi traditionnellement des asperges.

Philippe Tessier exploite 24 ha mais depuis 2 ans, le gel ne lui laisse que 10 hL/ha de récolte à peine. Le moral n'est pas au plus haut, et le vigneron bichonne donc ses anciennes cuvées en les stockant dans un chai isolé et climatisé à 13 °C.

Beau moment de partage avec Philippe Tessier autour d'un excellent cour-cheverny !

Pour les vinifications, Philippe Tessier est peu interventionniste. Il laisse les fermentations malo-lactiques se faire sur les blancs y compris sur les sauvignons, contrairement à ce qui se fait chez nous. Et pour autant les vins n'ont pas la mollesse (manque d'acidité) qu'on pourrait croire. 
 « Les vignes, travaillées depuis longtemps, vont chercher en profondeur acidité et matière, ce qui donne une belle minéralité au vin », explique le vigneron.
Le romorantin nous plaît beaucoup lors de la dégustation des cour-cheverny de Philippe. Avec des notes d'abricot et de grillé, c'est un cépage ayant de la matière qui supporte bien le vieillissement. Les rouges en Cheverny, à dominante pinot noir, sont également très bien faits.
Philippe ayant fait un voyage inspirant en Géorgie, nous finissons par un vin blanc à macération longue en amphore enterrée. Ce romorantin, élevé sur lies depuis deux ans, est bientôt prêt pour la mise en bouteilles. Ce n'est pas encore un vin orange, mais c'est quelque chose de différent d'un blanc sec. De la matière, des tanins, légèrement oxydatif car ne contenant aucun sulfite...

Départ de chez le vigneron : attention à l'équilibre !


Nous repartons avec deux bonnes bouteilles à partager avec nos hôtes du soir. Nous avons contacté Nathalie et Jean-Paul via le réseau Warm Shower dédié aux cyclotouristes. Nous partageons leur repas et dormons dans un bon lit. Nathalie travaille à pôle emploi mais se révèle maître verrier spécialisée en vitraux à ses heures. Merci à eux pour leur accueil ! 

Nous nous arrêtons à l'improviste à la maison des vins de Cheverny, peu avant la fermeture. Ici, ils ont développé un concept original et futuriste que nous n'avons hélas pas le temps de tester. Sur les présentoirs lumineux, sont disponibles les vins de presque tous les vignerons de l'appellation. On choisit un forfait de x verres de dégustation, et on se sert soi-même les cuvées voulues en déambulant. Le verre fourni est équipé d'une puce qui déclenche le robinet de vin quand on l'approche de la cuvée choisie !!


 




















La traditionnelle démonstration du pliage - dépliage de nos Brompton à nos hôtes, impressionnés. Et l'éternelle question qui revient si souvent : - " Et vous arrivez quand même à avancer avec ces petites roues ? ". Et notre réponse immuable : - " oui oui très bien vous pouvez essayer !"
Des p'tites roues, des p'tites roues, toujours des p'tites roues !






Jeudi 3 août, 37 km, Total 668 km
Quelques km après le départ, nous stoppons à l'improviste chez Luc Percher, sur les conseils de Nathalie. En plein travaux dans son chai, Luc accepte de nous parler quelques minutes, qui se transforment vite en deux bonnes heures ! Ancien éleveur, il s'est installé en 2005 en vigne, sur 9 ha. Également sur Cheverny, Luc vend son vin en IGP, vin de France ou Cheverny selon les années. Il a créé sa propre marque « l'Epicourchois – Luc Percher », et il communique plus là-dessus que sur l'appellation. Ces deux heures sont encore riches en conseils, l'homme étant généreux et dans la transmission. Tout comme son collègue Philippe Tessier, Luc est peu interventionniste au chai, quitte à devoir attendre que les fermentations se finissent naturellement. 
Pour autant « il faut être vigilant en permanence » nous assure-t-il. Nous repartons gonflés en direction des bords de Loire, après une bonne dégustation qu'il a apprécié tout autant que nous. « On a quand même parfois besoin de prendre une pause » nous dit-il alors que nous cherchons les mots pour le remercier du temps passé avec nous. 

Visite à l'improviste chez Luc Percher, créateur du vin "L'Epicourchois", contraction d'Epicure et de Courchois (habitant de Cours-Cheverny)

De Cheverny, nous retiendrons avant tout l'importance de prendre en compte les mauvaises années dans le calcul de nos coûts pour le projet d'installation. Un prix de la bouteille fixé trop bas au départ est difficile à augmenter par la suite. Pourtant, à Cheverny par exemple, il n'y a eu que deux années à rendement « normal » sur les six dernières années. Entre le gel, la grêle et les maladies, les viticulteurs jonglent avec les assurances et les investissements dans des équipements antigel (tours, aspersion). En tant que jeune installé, ce genre de série climatique peut être fatal... 

Pause pic-nic près d'un champ de tournesols


 

Nous gagnons finalement les bords de Loire où nous réparons à grand peine une crevaison sur chaque vélo, le temps de nous remémorer comment fonctionne cette fichue colle à rustine. Finalement, nous trouvons un bivouac idéal au bord de l'eau, du côté de Chaumont sur Loire

 
Nous trinquons aux vignerons de la Loire à la bière artisanale pour changer un peu du pinard qu'ils nous ont si généreusement fait découvrir.

 
La Loire majestueuse nous souhaite une bonne nuit, tranquille comme ses eaux encore limpides à ce niveau du parcours.
 





 

mercredi 9 août 2017

Entre Bourgogne et Loire : Pouilly et Sancerre

Adieu Chardonnay, bonjour Sauvignon !

Du 29 juillet au 1er août

Les 29 et 30 juillet - 53 km - Total 544 km 

Nous roulons le long du canal du Nivernais et de l'Yonne en direction de Clamecy. La journée est ponctuée par les écluses et les baignades dans l'Yonne qui sont de bons substituts aux douches. Nous traversons des villages aux consonances anglaises "Merry sur Yonne", "Misery sur Yonne", "Lucy sur Yonne".
En arrivant à Clamecy, nous tombons sur une ferme qui vend des légumes, des charcuteries et fromages et n'hésitons pas une seconde à y faire nos courses du week-end. Habituellement, nous faisons les courses en flux tendu et il est rare de trouver des produits de qualité au jour le jour. Autre denrée manquante : le gaz. Celle-ci, nous ne la trouvons pas mais ce sera l'occasion de faire de belles rencontres au camping de Clamecy où nous restons 2 nuits.

Merci Arnaud, Mévie, Olivier, Florence, Simon et Anouk de nous avoir dépanné, nous avons passé une excellente soirée !

 Lundi 31 juillet - 32 km

Sous le regard intéressé du chauffeur, nous enfournons nos vélos pliés dans le bus pour Nevers. De là, nous prenons le train pour Pouilly sur Loire.
Nous tombons immédiatement sur la tour de Pouilly à l'office du tourisme. Il s'agit d'une super visite avec des films où les viticulteurs présentent leurs terroirs, leurs vins et leurs techniques culturales. Seul hic : Dans tout le cycle des travaux de la vigne, rien sur les traitements. Ce passage sous silence ressemble à une fuite dans un vignoble comptant très peu de vignerons bio. La visite comprend aussi des tests olfactifs présentant les différents arômes que peuvent exprimer les cépages locaux, et enfin une dégustation de Pouilly sur Loire et Pouilly fumé.
Les deux appellations sont des blancs secs, la première à base de Chasselas blanc (que l'on connait mieux en raisin de table), la seconde à base de Sauvignon (que l'on connait aussi chez nous).
Le Pouilly sur Loire est connu comme vin de soif, il est léger et frais mais agréable. Le Pouilly fumé est un plus expressif avec des arômes de fruits à chair blanche et tropicaux.

7 arômes à découvrir et 2 à deviner dans le charme d'une belle cave souterraine

MMM ... On en mangerait de ces fruits à chair blanche !


L'arôme mystère n°1 : Mélange d'épices à base de cannelle et de clou de girofle, fastoche !



Attention à ne pas confondre Pouilly-Fuissé du Mâconnais à base de Chardonnay avec le Pouilly fumé d'ici à base de Sauvignon. 
"Je ne comprends pas pourquoi tout le monde confond, ça n'a pourtant rien à voir" nous dit la dame de l'office du tourisme.
Nous lui apprenons que Pouilly vient du terme Pouilles qui désigne les terroirs calcaires que cultivaient les "pouilleux". 
Elle nous apprend en retour que le terme de Pouilly "fumé" a 3 explications possibles :
- la fumée se dégageant de la vendange due à la pruine particulièrement présente sur la peau des raisins sauvignons dans ces contrées.
- la saveur légèrement "fumée" que l'on peut retrouver dans certaines cuvées.
- l'allusion à l'écran de fumée que le vin peut former devant les yeux quand on en abuse.

Sous la chaleur écrasante, nous montons ensuite à Sancerre qui s'avère haut perchée. Arrivés trop tard pour des visites, nous parcourons le centre bien léché et touristique et prenons un premier verre de Sancerre en terrasse. Pour jouer, Bastien prend un sauvignon local en vin de France. A l'aveugle, nous confondons les deux ! Peut-être parce que nous nous attendons à quelque chose de puissant alors que le Sancerre se révèle très minéral et moins fruité que les Sauvignon que nous connaissons.









 
Le vignoble de Sancerre, vu depuis la commune de Sancerre

La Loire et sa plaine alluviale forestière et agricole, vue depuis la commune de Sancerre

Nous renonçons à redescendre en bord de Loire jusqu'au camping pour remonter le lendemain et trouvons un parfait bivouac dans les vignes. Parfait jusqu'à ce que l'orage se déclare à la presque fin du repas. Et pas n'importe quel orage : éclairs, tonnerre permanent, pluie battante et quelques petits grêlons. Bref, la cata. Nous fuyons momentanément nous réfugier sous un hangar avec des tracteurs qui sentent le gasoil.
La nuit se termine sous la tente, et l'orage se termine lui avec la nuit, après un bouquet final vers 5h du matin, nous terrorisant littéralement. On s'est sentis tout tout tout petits cette nuit-là.












Lundi 1er août, 18 km
Dans un matin toujours pluvieux, nous nous rendons au domaine Vacheron situé au cœur de la vieille ville. Sur place, c'est l'effervescence : on nettoie les futs, on étiquette, on déplace des palettes de vin. Pourtant, Jean-Dominique Vacheron nous accueille avec le sourire et nous détache une employée pour nous faire visiter le chai. Térésa nous prend sous son aile et nous questionne sur notre projet avec intérêt. Elle prend à coeur de nous montrer le plus de choses possibles et de nous faire déguster un maximum de cuvées. Le domaine est une grosse propriété de 50 ha en biodynamie depuis 2006 qui emploie 12 permanents à la vigne et au chai et 2 administratifs, en plus des associés 2 frères et leurs fils respectifs. 80 % des vignes sont plantées en sauvignon et le reste en pinot noir.
Malgré sa taille et son succès évident, nous trouvons ce domaine accessible et authentique. De cette première découverte du Sancerre, nous apprécions autant les rouges (Bastien) que les blancs (Dine).   

Salle de dégustation et réserves de millésimes

Elevage en cuves inox pour les cuvées "Domaine" (entrées de gamme) et foudres pour les cuvées parcellaires

Parcelles du domaine Vacheron sur le terroir de Sancerre : 3 terroirs liés à la nature de la roche mère (calcaires du Jurassique, Silex de l'Eocène et Marnes du Crétacé) 


Dégustation des Sancerre blanc du domaine Vacheron : Corps et minéralité, des vins équilibrés et subtils selon nous.
 
Nous prenons ensuite les transports jusqu'à Romorantin et poussons à vélo jusqu'à Mur en Sologne où nous campons "sauvage" de façon très civilisée. 



Merci Jean-Dominique pour ces 37,5cL de bonheur d'autant plus appréciés avec un crottin de Chavignol !

Prochaine étape : Cheverny et Cours-Cheverny. A bientôt !