Vendanges
Mâconnaises en passant par Lyon
Depuis
Limoux, nous prenons le train jusqu'à Lyon où nous restons quelques
jours chez Vincent, le frère de Blandine. Il vit dans une coloc de 6
personnes où le loyer est de 300€ toutes charges comprises, même la
nourriture ! En effet, ces jeunes actifs récupèrent chaque semaine les
invendus des magasins bio et font leur potager. Avec un peu d'huile de
coude, ils réduisent fortement leurs charges et luttent contre le
gaspillage.
Les locataires de la "case à mémé" nous offrent un Petit Paris grains nobles 2003 pour l'apéro |
Nous
reprenons le train pour Tournus, où nous nous équipons pour les
vendanges : bottes, pantalons et casquette avant de nous rendre à
Cruzilles à vélos bien chargés.
Nous retrouvons avec
plaisir Manu et ses associés, en arrivant au domaine Guillot-Broux.
Les bennes sont attelées aux tracteurs et les tracteurs sont prêts
à démarrer, tout le monde est dans les starting-blocs.
Nous sommes orientés
vers notre dortoir, installé dans le futur caveau de dégustation
voûté.
Nous cassons la croûte avec les premiers arrivés, accueillis par la bonne humeur de Carine, la belle-sœur de Manu.
Nous cassons la croûte avec les premiers arrivés, accueillis par la bonne humeur de Carine, la belle-sœur de Manu.
Les vendanges
commencent le lendemain matin. Dès 7h30 après le petit déjeuner,
on saute dans les camions aménagés avec des bancs, direction la
vigne. Nous sommes une équipe très cosmopolite de 25 cueilleurs et 5 porteurs.
Le premier jour, on vendange Les Combettes, en Chardonnay, sur environ 1,5 ha, sous des pluies épisodiques. L’après-midi, c’est déjà le repos car la pluie s’intensifie et, au chai, la pompe à marc toute neuve ne fonctionne pas !
Le premier jour, on vendange Les Combettes, en Chardonnay, sur environ 1,5 ha, sous des pluies épisodiques. L’après-midi, c’est déjà le repos car la pluie s’intensifie et, au chai, la pompe à marc toute neuve ne fonctionne pas !
Les jours suivants
se déroulent ainsi : vendanges des blancs le matin jusqu’à midi,
et rouges l’aprem entre 13h30 et 17h30. C'est bien pratique, car les rouges donnent en effet
moins de travail le soir à l’équipe du chai, n'étant pas
pressés dans la foulée. Pinot noir et Gamay sont encuvés soit
grappe entière soit partiellement éraflés, et séparés par
parcelle d’origine.
A son arrivée au chai, le chardonnay blanc,
également séparé par parcelle, est pressé directement et le jus,
après une rapide décantation, est entonné par gravité dans les
fûts empilés au sous-sol.
Pour l’équipe à
la vigne, les journées sont rythmées par de bons et copieux repas.
On mange du bio et du maison, c’est bien bon.
Le matin quand nous coupons le raisin, à 9h30, c’est la pause casse-croûte : pain-fromage-saucisson, chocolat le tout arrosé de vin rouge (ou de café).
Repas du midi au Domaine lorsque nous sommes à proximité |
Repas du midi à la vigne lorsque nous sommes trop loin pour rentrer |
Le matin quand nous coupons le raisin, à 9h30, c’est la pause casse-croûte : pain-fromage-saucisson, chocolat le tout arrosé de vin rouge (ou de café).
A droite Tess et Patrice, la femme et le frère de Manu. Tess est prof d'anglais, elle vient vendanger avant la rentrée puis les demi-journées où elle n'a pas cours. |
Après cette pause,
l’ambiance monte d’un cran dans les rangs en même temps que la
température se réchauffe. Les porteurs se roulent des cigarettes
aromatisées et jouent les gros bras. Les cueilleurs les plus chauds
se mettent à chanter, à charrier les filles ou à interpeller le
collègue le plus éloigné. C’est ainsi que nous entendons à
longueur de journée « Oh Guiiiiilles, t’es où ? »
« Eh la Marie ! ».
La voilà, "la Marie" |
Le porteur polonais
Maciek, surnommé Magic, garde toujours une bouteille de vin après
la pause, il court dans les vignes avec sa hotte de 50 kg en
proposant du vin aux coupeurs.
Patrice, le frère
de Manu, est notre chef d’équipe à la vigne. Son job consiste à rendre tout
ce petit monde productif malgré tout. Et ça marche ! Ceux qui
ont terminé un rang ne traînent pas et sont exhortés à aller
aider les autres. Les plus bavards se font dire que parler n’empêche
pas de couper. Et gare à ceux qui oublient des grappes ou qui
traînent car Patrice veille, il passe de rang en rang en vendangeant
un peu avec chacun et en ajustant les consignes au fur et à mesure.
« Attention, ici il faut trier, il y a des grappes daubées »
ou encore « Regarde un peu par terre, tu fais tomber plus de grumes*
qu’une machine à vendanger ! » (* grain de raisin)
L’avantage de la
cueillette à la main est qu’elle permet d’optimiser la qualité
des raisins récoltés dans la mesure où les vendangeurs respectent
les consignes. Les grappes entières sont transvasées des seaux dans
les hottes puis dans des bennettes ce qui limite l’écrasement des
baies. Cette année la qualité du raisin est globalement très
bonnes et nous avons rarement l’occasion de trier.
Sur certaines
parcelles, nous remarquons des grumes vidées de leur jus et des
papillons écrasés dans les grappes. C’est la pyrale du buis qui a
sévit : la chenille dévore les feuilles des buis, et le
papillon adulte pompe le jus des raisins. Cette année tous les buis
ont été dévastés et les rendements viticoles commencent à chuter à cause
de ces insectes voraces.
Nous discutons
souvent technique avec Patrice dans les vignes et nous apprenons
plein de choses intéressantes concernant la taille, les maladies, la
conduite de la vigne en général.
Lorsque nous
rentrons d’une journée de vendanges, deux options s’offrent à
nous. Soit nous allons observer le travail du chai et filer un tout
petit coup de main, notamment pour le pigeage. Soit Patrice ouvre une
bouteille de blanc et on prend l’apéro !
Lorsque
nous allons au chai, c'est souvent avec Isabelle, une jeune américaine
qui travaille dans le maraichage actuellement mais qui est passionnée de
vin et pense s'insérer aussi dans le milieu à l'avenir. Il y a quelques
années, elle avait également réalisé un tour de vignerons français à
vélo, depuis le domaine Guillot-Broux jusqu'au Bordelais.
Pigeage de vendange égrappée à l'aide d'un pigeur / d'une pige. Il s'agit de casser le chapeau de marc afin qu'il reste en contact avec le jus. |
Pigeage au pied lorsque les grappes sont entières (il est impossible de casser le chapeau de marc à la pige dans ce cas) ou juste pour le plaisir de se faire un bain de raisins ! |
Nettoyage à l'eau soufrée des bords de cuves fraichement pigées |
Cuve de Gamay grappes entières, en fermentation |
En général après
le repas, nous ne faisons pas long feu contrairement au reste de
l’équipe en pension complète qui festoie une bonne partie de la
nuit. Les deux polonais fidèles vendangeurs depuis une dizaine
d’années ont à cœur de garder les verres de chacun toujours
plein. Vin rouge, bière, vodka, ratafia, tous les carburants sont
bons. Ce dernier est confectionné spécialement pour les vendanges
avec 2/3 de jus de raisins et 1/3 de marc. Ce qui en fait une boisson
très sucrée mais aussi très alcoolisée donc traitre.
Nous nous gardons
pour la « Revole » ou la « Paulée », la fête
des vendanges quoi. Elle arrive enfin, après une dernière matinée
de vendanges. Nous attendons que l’équipe du chai ait réceptionné
les dernières bennes puis c’est le coup d’envoi vers 15h avec un
apéritif à base de crémant et de fritures de la Saône pêchées
par Vincent, un collègue vendangeur.
Photo de mariage ... euh ... de vendanges ! Les équipes "vendangeurs", "cuvage" et "cuisine" sont presque au complet |
Vers 16h, on passe à
table et avons le plaisir de boire les bonnes cuvées du domaine en
formats Magnum et Jéroboam (Les Combettes rouge 2013 et blanc 2012).
A 18h, nous pigeons
légèrement ivres avant de réattaquer l’apéro un peu plus tard.
Nous goûtons plein de belles choses du domaine et d’ailleurs, et discutons pas mal avec Manu et Tess.
La fine équipe au pigeage |
Nous goûtons plein de belles choses du domaine et d’ailleurs, et discutons pas mal avec Manu et Tess.
Le lendemain nous
réserve une gueule de bois mémorable. C’est dire si nous avons
abusé de ces bons vins pourtant pas trop de souffrés …
Malgré cela, nous
allons visiter le domaine des vignes du Mayne, chez Alain et Julien Guillot, l’oncle et le cousin de Manu et
Patrice.
Julien
n'a malheureusement pas le temps de nous recevoir mais Alain se fait un
plaisir de nous raconter leur histoire, leur passion de la terre et du
vin et leurs convictions.
En
effet, les Guillot ont toujours cru en l'agriculture biologique et se
sont battus pour réussir à la sortir de la marginalité et à la faire
enfin reconnaître en 1995. Alain a été président de la Fédération
Nationale de l'Agriculture Biologique. Il a des tas d'anecdotes à
raconter, n'ayant jamais hésité à remettre à leur place ce qu'il appelle
"les pecnocrates".
Nous
dégustons un Mâcon village 2015, très fin, volontairement oxydatif,
avec beaucoup de matière et sur des arômes de fruits confits. Les récits passionnants d'Alain Guillot |
Les fûts de Marc de Bourgogne : la part des anges n'est pas négligeable ! |
Le nouveau chai, conçu selon le nombre d'or. |
Ces
fondateurs de l'agriculture biologique ont à cœur qu'elle se développe
tout en restant une grande famille solidaire. Ils nous invitent à les
solliciter pour toute question et livrent sans problème leurs
techniques.
Et enfin après 9 jours merveilleux à Cruzilles, c’est le départ ! Direction Périgueux ...
Le village de Cruzilles et son château (tout à gauche). Le domaine Guillot-Broux est situé au centre du village. Les vignes du Maynes sont situées à Sagy, à 2km vers la gauche. |
Chouette l'ambiance! Et ça me donne bien envie d'essayer le pigeage!
RépondreSupprimerOui, super ambiance, et on te conseille le bain de raisin. C'est très bon pour la peau. Avec rafles si possible, pour un effet gommage plus prononcé !
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