dimanche 30 juillet 2017

Les vins de Tonnerre, Chablis et Auxerre

La dégustation continue en Bourgogne !

 

Du 25 au 28 juillet 2017


25 juillet : 44 km, total 350 km
 Nous voilà repartis de bon midi, par un temps maussade. Nous prenons le train pour Alésia, en gardant pourtant notre combativité. En effet aujourd'hui, nous devrons batailler un peu avec la météo. Nous longeons le canal de Bourgogne, d'écluse en écluse, sans pourtant écluser un seul verre de vin. Nous passons à proximité des mystérieux coteaux de l'Auxois sans apercevoir un seul pied de vigne. Nous n'avons pas le temps de partir à l'attaque de cette appellation méconnue, et restons le long du canal, si confortable à rouler, de par sa platitude. Seules les averses à répétition nous retardent par le balai de l'enfilage-désenfilage des tenues de pluie. Mais au moins on n'a pas trop chaud.
Nous passons Montbar en restant toujours sobres, et nous ravitaillons en eau chez un éclusier fort aimable. Nous trouvons dès 17h30 un campement idéal. Le ciel se dégage et le soleil pointe son nez. Cette soirée prend un air de vacances. Que demande le peuple ?

Nous ne sommes pas à l'étroit pour camper le long du canal de Bourgogne. Quelque part entre Dijon et Tonnerre.






26 juillet 2017, 48 km, 1 bouteille de Tonnerre
Nous repartons tardivement sous le soleil. Le canal longe la rivière Armançon, dans laquelle nous nous baignons à midi, au pied d'un barrage vieillissant.


Le barrage de Tanlay. Nous prions pour qu'il ne cède pas pendant que nous mangeons notre taboulé.
Sur le canal, on découvre avec intérêt le fonctionnement des écluses et l'activité saisonnière qu'elles génèrent pour le passage des plaisanciers. 






















 Nous traversons une zone agricole où l'absence de vigne nous change un peu après les côtes de Beaune. Les coteaux ici sont en proie aux tracteurs géants et à la céréaliculture. 




Avant Tonnerre, nous quittons le canal en coupant vers Molosme pour rendre visite à une viticultrice du Tonnerrois à 16 heures. Nous montons entre prairies et forêts dans une ambiance presque alpine. Et soudain, en haut d'une côte : la vigne. Ici, elle se mérite. Le pays est très vallonné. 


Céline Coté est viticultrice depuis 1999. Elle a repris le vignoble de son père de 2 ha et l'a agrandi jusqu'à 6 ha qu'elle exploite et vinifie avec un salarié à temps plein. Toujours dans l'appellation régionale Bourgogne, les vins de Tonnerre peuvent bénéficier d'une appellation sous-régionale : Bourgogne-Tonnerre, pour les blancs (chardonnay), et Bourgogne-Epineuil pour les rouges cultivés autour de ce village. Pas d'appellation village ni de cru. Proche de la Champagne et de la Côte d'Or, ce vignoble est convoité par les grands producteurs de champagne et bourgogne qui achètent des vignes pour produire du Crémant de Bourgogne voire du Mousseux afin de satisfaire leurs commandes à l'export. Toujours la logique des gros qui mangent les petits... Et ça n'aide pas la Bio à se développer (ils sont 3 dans le tonnerrois), d'autant que beaucoup ont fait marche arrière en 2016 avec les fortes pressions de mildiou, et ont préféré retourner en conventionnel.
Céline travaille intégralement ses sols, dont 1 ha avec son cheval. 


Outil de traction animale, travaille à la fois l'inter-rang et sur le rang de chaque côté.

 Les pentes vont jusqu'à 45 % sur les parcelles de cette courageuses viticultrice. 


 Elle nous fait visiter son chai tout en discutant de notre projet. Elle nous conseille au regard de son expérience personnelle, nous donne des informations chiffrées. Comme d'habitude, l'échange est très intéressant. Ces dernières années, elle a souffert du gel et de la grêle. 2016 a été une année difficile. Mais avec ses 17 années d'expérience, elle arrive à faire face et la trésorerie tient bon. Elle souligne l'importance de prendre en compte ces mauvaises années dans les moyennes d'estimation quand on monte son prévisionnel de ventes pour l'installation.
Nous finissons évidemment par une dégustation. Son Tonnerre blanc 2015 nous plaît bien, exprimant la typicité du Chardonnay, plus vif que les vins de Mâcon et un peu moins gras. 




La pluie nous accompagne jusqu'à Tonnerre où nous échouons crevés au camping. Après une douche chaude, nous dégustons une bouteille de Tonnerre de Céline avec nos pâtes au parmesan.


27 juillet, 39 km, total 438 km
Nous partons pour une fois de bonne heure : il faut plier la tente avant la pluie. Encore une mauvaise journée. Vent de face, crachin breton, route passante avec des camions qui nous frôlent. Et en plus, ça monte vachement pour faire Tonnerre-Chablis. Nous optons pour les petites routes et ça redevient vite plus supportable.

Qu'est-ce que ça monte entre Tonnerre et Chablis !

 
Ce jour là, on en bave !


Vive les escargots de Bourgogne (remarquer l'escargot à gauche de Bastien)



Une pente interminable à contre-vent pour monter à Préhy (village inclus dans l'appellation Chablis) nous vide de nos forces et nous scie les jarrets. Nous arrivons au domaine Brocard pour une visite dégustation. "Ah bon, le domaine fait 250 ha ??". Ça nous change un peu. Nous avons le droit à la dégustation commentée par l'employée italienne qui sert ses discours bien rodés, passant du français à l'anglais selon la tablée. 
Les vins de Chablis sont fidèles à leur réputation : "tendus". Ils sont bien vifs (acides), avec des arômes d'agrumes et moins de rondeur que ceux de la Bourgogne sud, et souvent plus de minéralité. Les chablisiens mettent en avant leur sacro-saint sous-sol calcaire du Kiméridgien qui leur confère cette fameuse minéralité. 
Mais ils ont aussi l'approche "micro-parcellaire" de la Côte d'Or en jouant sur l'exposition différente des coteaux, et certaines cuvées nous surprennent par leurs arômes fruités, et leur gras. Notamment une cuvée travaillée en biodynamie dans laquelle nous sentons de la pâte de coing, un délice. 
Après visite d'un chai d'apparat plein de foudres rutilants (mais ce ne sont que des foudres de Chablis et pas des foudres de Tonnerre), et d'une coupe de sous-sol dans leur caveau, nous apprenons que la visite-dégustation est au tarif de 15 euros par personne. Encore une surprise de ce Chablis particulier. 


L'alternance des couches de calcaires et craies du Kiméridgien est bien visible dans ce sous-sol


Nous dévalons à toute vitesse sur Chablis où nous déjeunons à l'abri des trombes d'eau, dans un routier avec notre ami Grégoire qui est dans le coin pour le boulot. Ça requinque et ça réconforte, mais nous n'irons pas plus loin aujourd'hui. Le camping de Chablis s'avère idéal par temps de pluie. Vaste préau, prises électriques, wifi gratuit, et, ce qui achève de nous séduire, un petit bosquet de plantes aromatiques à disposition des campeurs.

Grégoire fait son essai de Brompton entre 2 averses, devant la cave coopérative La Chablisienne

28 juillet, 53 km, total 491 km
On quitte le Chablis en direction des côtes d'Auxerre. Pour passer de la vallée du Serein à celle de l'Yonne, ça monte vers Courgis, et au "col", la vue sur le vignoble de Chablis est magique. 




 Nous passons, tout petits, sous une éolienne en action, et descendons sur Chitry, dans les côtes d'Auxerre, puis Saint Bris Le Vineux. 


Ayant gagné les rives de l'Yonne, nous trouvons le Domaine d'Edouard, et son patron, ledit Edouard. De formation agronomique lui aussi, il nous emmène directement voir les vignes. Cela nous enchante car les viticulteurs ne le font pas souvent. En haut du coteau, la vue porte loin. Auxerre d'un côté, les hauts du Chablis de l'autre avec leurs éoliennes. Et au milieu, les vignes d'Edouard, récupérées en 2014. 



 Le jeune viticulteur apprécie la diversité du paysage : champs, cerisiers. "Ce n'est pas une mer de vigne". Le vignoble d'Auxerre, prospère autrefois a été un peu oublié. Pourtant Edouard aime sa vigne et ses terroirs répartis sur deux versants différents. Ayant suivi un bac pro viti-vini puis travaillé chez des vignerons de Chablis, il a mûrit son projet d'installation depuis 2010. Son passé professionnel lui a donné une bonne maîtrise de l'approche commerciale et son projet de développement est bien défini.


 Nous discutons un bon moment d'aspects techniques et stratégiques avant de redescendre au chai. Nous aimons beaucoup son Bourgogne Côtes d'Auxerre blanc et dégustons également son rosé, son rouge en pinot noir et enfin son Crémant de Bourgogne extra-brut à la façon des champagnes.
Edouard vinifie aussi à part un cépage mis de côté par ses collègues : le César. Il en fait une micro-cuvée qui marche bien. Il veut développer les cuvées et l'approche parcellaire par terroirs, et augmenter régulièrement la vente de bouteilles par rapport au vrac. Son projet suivant sera de s'équiper d'un chai moderne semi-enterré à flanc de coteau, mais il ne faut pas être trop pressé. Nous l'aidons à rentrer des fûts "de plusieurs vins" qu'il va nettoyer les jours suivants. Son chai actuel est déjà bien rempli et il rêve d'avoir un jour plus de place. Nous devons ruser en serrant et en empilant les barriques vides. Sur ce petit coup de main que nous sommes ravis d'avoir pu lui donner en remerciement du temps consacré, nous quittons Edouard et les côtes d'Auxerre. Direction Sancerre. Mais ceci est une autre histoire... A nouveau, nous longerons un canal, celui du Nivernais cette fois. Le soir, nous goûtons à notre dernière bouteille de chardonnay, car les cépages ne seront plus les mêmes en bord de Loire. Le bourgogne blanc du domaine d'Edouard accompagne bien notre taboulé-merguez en camping sauvage.


 

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